Fil d'Ariane :
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Frédéric Eccard (1867-1952)
Frédéric, François, DavidEccard, est né à Munster le 2 septembre 1867, cet avocat et homme politique luthérien décède à Genève le 21 octobre 1952. Fils de Frédéric Charles Amédée Eccard (1840-1878), propriétaire, et de Marie Elisabeth Steinbrenner (1843-1936), fille du pasteur Jean David Steinbrenner (1810-1881), qui exerça son ministère à Munster de 1848 à 1881. Sa famille, qui compte des ancêtres pasteurs, est liée aux industriels protestants haut-rhinois et très francophiles. Parmi ses ascendants, il y a Johann Carl Eccard (1695-1760), pasteur à Riquewihr durant seize ans, puis pasteur de Munster de 1735 à 1760, qui a succédé à son père Léonhard, pasteur de Munster de 1714 à 1735 après avoir été vicaire (1687) puis pasteur à Muhlbach de 1691 à 1714. L’épouse de Johann Carl Eccard est Maria Agatha Schoepflin (1700-1786), une sœur du célèbre historien alsacien. L’arrière-arrière-grand-père, Daniel Friedrich Eccard (1741-1805) a été vicaire à Gunsbach de 1762 à 1779, puis pasteur à Muhlbach de 1779 à 1805. L’arrière-grand-père Johann Carl Friedrich Eccard ((1773-1844), d’abord officier de santé, devient pasteur à Muhlbach de 1806 à 1844. Le grand-père François Frédéric Eccard († 1858) est docteur en médecine.
Frédéric Eccard épouse à Asnières le 30 juin 1914 Germaine Duval-Hartmann (1876-1920), une petite-fille d’André Henry Frédéric Jules Hartmann (1820-1881), qui est divorcée de Léopold de Saussure (1866-1925). Veuf, il se remarie à Saint-Gervais le 15 mars 1922 avec Anne Baumgartner (1858-1938), une fille de professeur de théologie à Genève.
Il fait des études au lycée de Colmar, bachelier en 1885, à la faculté de droit de Strasbourg (1886-1890) et de Paris (1890-1894). Issu d’une famille francophile il demeure toujours tourné vers la France. De 1897 à 1914 il est avocat dans l’un des plus grands cabinets d’affaires du barreau de Strasbourg, où il représente les Chemins de fer de l’Est français et le ministère français des Finances pour la régie des tabacs.
Sous la domination allemande en Alsace-Lorraine, il lutte constamment pour la cause de la culture française. Il fonde notamment la Société dramatique qui fait connaître aux Alsaciens le théâtre français contemporain et collabore à la Revue alsacienne illustrée. Au moment de la déclaration de guerre de 1914 il est en Angleterre. En décembre 1915, les autorités allemandes le cassent de son titre d’avocat, décision annulée en janvier 1919.
Durant les hostilités il travailla auprès de plusieurs ministères français. Il fut attaché à la Direction civile pour les questions de séquestre au ministère de la Justice ; membre-expert de la commission des réclamations au ministère des Affaires étrangères ; collaborateur du Service d’Alsace-Lorraine au ministère de la Guerre, où il était membre des sections d’études de législation et d’économie politique. Par son activité, il contribua largement à préparer l’assimilation des provinces reconquises, essentiellement dans les domaines juridique et économique. Il fit de nombreux rapports et études sur les sociétés commerciales, les liquidations et séquestres, le régime foncier, les brevets, les mines de potasse. Il créa, avec la collaboration d’industriels alsaciens, l’Association pour la défense des intérêts français en Alsace-Lorraine, dont il fut secrétaire général. Enfin, il collabora à de nombreux comités d’études sur l’Alsace-Lorraine.
Après l’armistice, il est chargé, en décembre 1918, de réorganiser, comme président temporaire, le Tribunal régional de Strasbourg. Il démissionne de cette fonction le 1er mai 1919 pour fonder, le 4 mai, le parti démocrate républicain du Bas-Rhin qu’il préside. Le 2 décembre 1919, il devient professeur de droit civil à la faculté de droit de Strasbourg.
Le 11 janvier 1920, il se présente aux premières élections sénatoriales dans le département du Bas-Rhin recouvré et est élu dès le premier tour de scrutin par 924 voix sur 1.202 votants. Deux jours après, il lit à la tribune du Sénat la déclaration solennelle des sénateurs d’Alsace-Lorraine reprenant leur place dans le Parlement français. Il est réélu le 9 janvier 1927. Son activité parlementaire est importante et, si elle a pour objet essentiel, dans tous les domaines, l’intérêt des trois départements recouvrés, il n’oublie jamais les affaires générales de son pays d’élection. En effet durant une période qui s’étend de 1920 à 1935, il appartient à de nombreuses commissions dont le nombre indique à lui seul sa compétence et sa bonne volonté en toutes matières. Il intervient avec dévouement et compétence à propos des questions telles que la hausse illicite des loyers, les assurances sociales, et sur l’attitude que le gouvernement compte prendre vis-à-vis des actes des autorités allemandes en contradiction avec les accords de Locarno (1927) ; le plan Young (1930) ; le danger de réalisation par les Soviets de leur dumping et de leur plan quinquennal (1931).
De 1922 à 1940 il est membre du Consistoire Supérieur, vice-président du Directoire de l’Eglise de la Confession d’Augsbourg et membre du Chapitre de St. Thomas, et joue un rôle important dans le protestantisme alsacien en faveur d’un rapprochement avec les réformés de l’intérieur. Mais cette attitude l’éloigne des milieux ruraux sur le double plan politique et religieux, ce qui explique son échec aux élections sénatoriales de 1935, où il se retire avant le deuxième tour, son mandat prenant fin le 13 janvier 1936. Cet échec électoral, s’il l’écarte de la vie parlementaire, ne l’empêche pas de continuer à s’occuper de politique, tant en paroles que par écrits.
Parallèlement à son mandat sénatorial, il mène d’autres activités. Il est bâtonnier de l’Ordre des avocats de Strasbourg (1921-1922), bâtonnier de l’Ordre des avocats d’Alsace-Lorraine, président de l’Association régionale des avocats des départements du Bas-Rhin, eu Haut-Rhin et de la Moselle. Il devient aussi délégué à l’Union internationale des avocats et en 1931, président de l’Association nationale des avocats. Il joue aussi un rôle important dans le domaine caritatif en tant que vice-président de la Fédération protestante de France et comme président des Oeuvres protestantes françaises de Syrie et du Liban.
Par ailleurs, il fut délégué par le gouvernement en 1923 comme membre du Consistoire et du Directoire de l’Eglise luthérienne de la confession d’Augsbourg d’Alsace-Lorraine. Dans le domaine caritatif, il fut, jusqu’en 1939, vice-président de la Fédération protestante de France et président des œuvres protestantes françaises en Syrie et au Liban.
Réfugié durant la Seconde Guerre mondiale au Périgord puis en Algérie, il se retire en 1945 près de Genève. Grand notable protestant, il a toujours privilégié l’ouverture vers la France, notamment par ses longs séjours parisiens, au détriment de la spécificité du luthéranisme alsacien dont il s’est éloigné après 1920. Homme de caractère il se caractérise par son intégrité, sa culture et ses compétences, et sur le tard par sa sérénité.
Ses publications se situent à l’époque de la Première Guerre mondiale et concernent, dans une orientation francophile très affirmée, la situation de l’Alsace depuis 1870. Le facteur religieux n’y tient qu’une place limitée : L’épreuve alsacienne, Paris 1915 ; Biens et intérêts français en Allemagne et en Alsace-Lorraine pendant la guerre, Paris 1917 ; L’Alsace sous la domination allemande, Paris 1919, un ouvrage qui a conservé une grande valeur historique par la précision, l’ampleur et la sûreté de l’information. Dans les années 1920 il publie plusieurs études portant sur les problèmes juridiques soulevés par le retour de l’Alsace à la France. Il a collaboré à de nombreux journaux et revues. Sur le tard, il a rédigé une autobiographie, Le livre de ma vie, Strasbourg 1951.
Anecdote
La première épouse de Frédéric Eccard a quatre enfants du premier mariage, dont Hermine (1901-1984) épouse d’Henri Arnold Seyrig (1895-1973), qui sont les parents de Delphine Seyrig (1932-1990), qui est la tante de Coralie Seyrig épouse de Patrice Chesnais.
Hans Karl Abel (1876-1951)
Enseignant, poète, conteur et romancier d’expression essentiellement allemande, mais aussi dialectale Hans Karl Abel est né à Baerenthal en Moselle en 1876 et mort à Muhlbach-sur-Munster en 1951. Il s’établit à Metzeral, au fond de la vallée de Munster, où il fonde un théâtre de verdure pour lequel il écrira des pièces en dialecte. Il fut, sa vie durant, un chantre passionné des Hautes-Vosges. Son œuvre comprend des drames en dialecte, des cycles de poésies en allemand, des romans et récits populaires et une tragédie en plein air : Die silbernen Glocken von Ilienkopf (1913). Après l’armistice, il émigre au Würtemberg. Sa profonde nostalgie de l’Alsace le pousse à revenir en 1941. Il y meurt en 1951.
Jeanne Lau (1890-1975)
Jeanne Lau est née à Munster le 27 avril 1890 et décédée le 1 octobre 1975. Elle a œuvré pour la connaissance et la transmission du patrimoine des arts et traditions populaires de la vallée de Munster. Jeanne Lau s’est efforcée toute sa vie de fixer pour les générations montantes ce qu’elle considérait comme un véritable trésor à garder vivant, sans se replier sur le passé, sur ce qui a disparu irrémédiablement.
Elle s’est consacrée, en effet, sa vie durant à la description des costumes traditionnels de son pays natal et surtout à ceux des femmes de la vallée, dont elle a pu observer les derniers témoins, entre les deux guerres mondiales. Elle a mis en valeur la fameuse coiffe nommée « Nawelhiwala », ou coiffe à bec, qui est une des grandes originalités du costume munstérien. Elle a bien connu Anne-Marie Bessey, qui fut la dernière femme de la vallée à porter le costume traditionnel des Talwiwala, jusqu’à sa mort survenue au début de 1945.
Jeanne Lau a également collecté des proverbes, des comptines, des chansons et des légendes, traces de toutes les représentations qui hantent l’imaginaire des habitants. Elle a contribué activement à éveiller l’intérêt de la culture populaire, en publiant de nombreux articles dans la presse locale, dans l’annuaire de la Société d’Histoire de la Ville et de la Vallée de Munster (dont elle a participé à la fondation en 1926) et dans diverses revues régionales.
En 1937, elle créée un groupe costumé de fillettes, qui est à l’origine du groupe folklorique des marcaires de la vallée de Munster. Elle en sera l’infatigable animatrice pendant de longues années. Quand l’âge de la retraite l’obligera à abandonner son métier d’institutrice, elle continuera à prodiguer ses conseils et aides à tous ceux qui s’adressent à elle, leur permettant d’accéder à sa documentation inédite et précieuse.
Jeanne Lau est considérée à juste titre comme une des pionnières du mouvement de création des groupes d’arts et traditions populaires d’Alsace. Elle fut vice-présidente de la Fédération des groupes folkloriques d’Alsace et a été décorée des palmes académiques et des médailles de bronze et d’or de la Renaissance française.
Jeanne Lau fait partie de ces personnages « légendaires » qui ont marqué Munster entre les deux guerres mondiales.
Jean Matter (1894-1955)
Jean Matter est né à Munster le 23 février 1894 et mort le 12 février 1955. Il est un des historiens les plus importants de la vallée de Munster et d’Alsace. Il est de ceux qui ont inculqué à la vallée de Munster le goût des études et des recherches historiques. Il a marqué de sa forte empreinte la vie intellectuelle de la vallée. Il a participé activement à la fondation de la Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster en décembre 1926 (dont il a été pendant de longues années le secrétaire efficace) ainsi que la publication de ses douze annuaires entre 1927 et 1938.
Conseiller municipal, il participa également activement à la vie de la commune et sut faire respecter ses conceptions historiques (conservation de la façade médiévale de l’Hôtel de ville, retour du Lion héraldique sur la fontaine). Il fut également le premier conservateur des archives municipales et greffier au tribunal cantonal de Munster.
Jean Matter s’est passionné pour l’histoire de la vallée de Munster. Il a rédigé de très nombreux articles et études, publiés dans les journaux locaux et dans les Annuaires de la Société d’Histoire de Munster. Ses nombreux articles, communications scientifiques, enregistrements radiophoniques, travaux d’ensemble ont mis en lumière bien des aspects ignorés de l’histoire locale. Il a également tenu d’innombrables conférences.
Il meurt avant d’avoir pu écrire cette histoire du Val et de la Ville de Munster qu’il semblait prédestiné à écrire et pour laquelle il avait amassé études et documents au cours des années écoulées.
Hans Matter (1895-1963)
Le dessinateur et poète Hans Matter, né le 29 mars 1895, portait la vallée de Munster dans son cœur. Tout comme son père Fritz Matter, Hans Matter entre, en 1909, dans les « Manufactures Hartmann et Fils » comme dessinateur de modèles sur tissu.
Le premier conflit mondial va profondément ébranler la vie et l’œuvre naissante de Hans Matter. En 1915, il quitte Munster bombardée pour Colmar puis est envoyé au front russe. En 1917, il revient à Colmar, il parfait sa formation à Krefeld et retourne en 1919 à Munster où il retrouve son travail aux Manufactures Hartmannn.
A partir de 1923, la tuberculose qu’il a contractée sur le front russe l’oblige à cesser toute acticité professionnelle.
Luttant contre l’ennui, il remplit ses carnets de croquis et s’attache à transmettre par le dessin ce qu’il avait connu et aimé avant que la guerre ne vienne tout dévaster. Il excelle dans les portraits, ainsi que dans les paysages de la vallée de Munster dont il est un admirateur. Il en fixe l’âme, les traditions et les coutumes.
En 1926, il participe avec le Dr André Wetzel, à la création de la « Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster » dont il est chargé d’illustrer les annuaires.
Plusieurs expositions viennent asseoir sa réputation sans cesse grandissante. Nombre de ses dessins sont entrés dans le patrimoine culturel et imaginaire de l’Alsace. Outre son immense œuvre de dessinateur, il est également l’auteur de plusieurs poèmes en dialecte.
Hans Matter meurt le 23 mars 1963 à Munster. Comme l’a si bien dit le Dr André Wetzel, fondateur de la Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster, lors de son discours sur la tombe de Hans Matter : « s’alte Ménschter war seine eigentliche Heimet » (« le vieux Munster fut son véritable pays natal »).