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Lazare de Schwendi (1522-1583) et le traité de Kientzheim
Lazare de Schwendi (1522-1583), seigneur de Hohlandsbourg et de Kientzheim, sous-bailli de Kaysersberg, s’est illustré par une carrière militaire et diplomatique vouée au Saint-Empire romain germanique. Selon la légende, il est supposé avoir ramené de Hongrie le cépage de Tokay. Mort le 27 mai 1583 à Kirchhofen (Bade), il est inhumé dans l’église de Kientzheim où sa pierre tombale est toujours visible.
Lazare de Schwendi joua un rôle considérable dans les affaires munstériennes. Par son arbitrage de mars 1575, celui-ci mit fin à une longue querelle qui opposait l’abbaye à la ville de Munster. Le 19 mars 1575 furent conclus les pourparlers entre l‘abbaye et les autorités municipales engagés depuis 1570 sur ordre de l’empereur Maximilien II. Ils aboutirent à une transaction acceptée par les deux parties convoquées au château de Kientzheim par Schwendi, d’où le nom de « Traité de Schwendi » ou également « Traité de Kientzheim ».
Ce traité fixa, une fois pour toutes, les rapports entre la ville et l’abbaye. Il clarifia la situation sur beaucoup de points litigieux notamment ceux des cultes et des écoles. Par ce traité, Munster devenait désormais une vraie ville impériale bénéficiant d’une large autonomie à l’égard de l’Empire. L’abbaye gardait des droits très considérables mais n’exerçait plus de tutelle seigneuriale et jusqu’à la Révolution ce texte régit les obligations réciproques de la ville et du monastère.
Pour commémorer cet accord le conseil édifia en 1576 la fontaine avec son lion, symbole de force, tenant à la fois les armoiries de la ville et celles de l’Empire. Il marquait publiquement l’affranchissement de la ville. Après le traité de Schwendi l’abbaye et la communauté retrouvent enfin le calme, du moins pour quelques années.
Signalons que cet arbitrage n’était pas qu’une affaire munstérienne : il eut aussi des retentissements qui dépassaient bien la vallée. Voyant que le droit de passer à la Réforme était pour la première fois clairement reconnu à une ville de la Décapole, les membres du Conseil de Colmar décidèrent au mois d’avril de la même année d’introduire, eux aussi, le protestantisme et c’est ainsi que le premier culte luthérien fut célébré à Colmar le 19 mai 1575.
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Dom Augustin Calmet (1672-1757)
Théologien, historien, exégète célèbre, Dom Augustin Calmet est né le 26 février 1672 à Mesnil-la-Horgue près de Commercy (Lorraine). Bénédictin de la congrégation de St-Vannes fut l’un des savants les plus laborieux et les plus utiles qu’ait produit l’ordre de St-Benoît.
Cet illustre religieux bénédictin honora par deux fois le Val St Grégoire de sa présence. De 1690 à 1696, il poursuivit ses études à l’abbaye de Munster ; de 1704 à 1706, il y séjourna en qualité de sous-prieur.
Avant de faire profession à l’abbaye de St-Mansuy, le 23 octobre 1689, le jeune Calmet avait déjà fini ses humanités au collège de Breuil, étudié la rhétorique à l’université de Pont-à-Mousson. Il avait commencé l’étude de la philosophie à l’abbaye de St-Epvre-lès-Toul sous la direction de dom Ambroise Borain mais en 1690 ce cours fut transféré à l’abbaye de Munster par suite d’une décision du chapitre général.
Âgé de 18 ans, le jeune élève y suivit son maître et arriva à Munster au printemps de cette année. Son maître ayant dû quitter l’abbaye en 1691, il termina vers 1694 l’étude de la théologie sous la direction de dom Emilien Maugras.
Le 17 mars 1696, il reçut les ordres sacrés à Arlesheim. Le 24 avril, il célébra sa première messe dans l’église abbatiale de Munster. Au printemps de 1696, il fut envoyé à l’abbaye de Moyenmoutier pour y étudier les Saintes Ecritures et le droit canon. Ainsi s’acheva son premier séjour à Munster.
En 1704, ses supérieurs l’envoyèrent à nouveau en qualité de sous-prieur à l’abbaye de Munster qui faisait partie de la congrégation de St-Vanne et St-Hydulphe. De 1704 à 1706, le sous prieur occupa à Munster les multiples fonctions de secrétaire du chapitre, bibliothécaire et chef de l’académie.
Pourquoi dom Calmet avait-il choisi de revenir à Munster ? C’est en cette ville qu’il avait étudié avec l’aide du pasteur Faber l’hébreu dont la connaissance lui était nécessaire pour mener à bien ses travaux. L’abbaye de Munster possédait également, à la fin du XVIII siècle, une bibliothèque des plus riches, de près de 8000 volumes.
Répondant aux ordres de ses supérieurs qui jugeait ce travail utile à la postérité Dom Calmet écrivit l’histoire de l’abbaye de Munster depuis sa fondation jusqu’en 1704. L’Histoire de l’Abbaye de Munter en Gregorienthal, écrite en 1704, est la première étude historique de dom Calmet. Il y relate, en historien accompli, document à l’appui, les évènements qui ont marqué Munster et sa vallée au cours des siècles.
Dom Calmet quitta Munster au printemps 1706 pour se rendre à Paris à l’abbaye des Blancs-Manteaux où il arriva le lundi de Pentecôte. D’après un document signé de sa main nous savons qu’il revint à Munster en qualité de père visiteur vers 1719.
En 1728, il est appelé comme abbé de Senones (Vosges) où il reçoit Voltaire en 1745. Il y meurt le 25 octobre 1757. L’œuvre de Dom Calmet est éclectique et prolifique. Son ouvrage le plus connu demeure son Histoire de Lorraine dont la deuxième édition fut écrite à Senones.Note :
Une partie de son Histoire de l’abbaye de Munster a été imprimée dans un recueil intitulé : Continuatio Spicilegii ecclesiastici de Lunig, imprimé à Leipzig, in-folio, en 1720.
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Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771)
Jean-Daniel Schoepflin, l’aîné des huit enfants, de Daniel Schoepflin (1663-1739) et d’Anna Margaretha Bardolle (1672-1723) est né le 24 septembre à Sulzburg, dans le margraviat de Bade-Durlach, entre Bad-Krozingen et Badenweiler. Ses parents se sont mariés à Colmar en 1692, sa mère étant d’origine colmarienne.
Jean-Daniel fit de bonnes études. Son père, qui était un modeste employé du Margrave, s’imposa quelques sacrifices et envoya son fils au Gymnase de Durlach, qui fut plus tard transporté à Karlsruhe. Schoepflin y resta cinq années, puis alla terminer ses études secondaires à Bâle. En 1707, à l’âge de treize ans, il entra à l’Université, dans la Faculté de philosophie où il eut pour maître l’éminent Christophe Iselin, professeur d’histoire et d’éloquence. Celui-ci lui fit suivre ses cours, l’aida de ses conseils et décida de sa vocation.
Les revenus du père ne suffisaient plus pour nourrir sa nombreuse famille ce qui l’amena a quitté sa place chez le Margrave. Il vint chercher fortune en Alsace et s’installa à Riquewihr où il devint receveur des biens de l’Eglise protestante. Jean-Daniel quitta la Faculté de Bâle et se rendit à l’Université de Strasbourg où il fut immatriculé le 27 juillet 1711. Désormais, il passa ses vacances au cœur de l’Alsace. Ce fut à Riquewihr qu’il perdit sa mère, le 21 décembre 1723.
A Strasbourg, Schoepflin s’attacha à l’enseignement de Jean-Gaspard Kuhn qui développa les qualités de Jean-Daniel et acheva l’œuvre commencée par Iselin à Bâle. Kuhn le prit dans sa maison et lui confia l’éducation de son fils unique ce qui permit à Jean-Daniel, qui remplit cet office de précepteur de 1711 à 1720, d’achever sans grands frais le cours de ses études. Son bienfaiteur mourut en 1720 et Schoepflin pris possession de sa chaire en devenant, à 26 ans, professeur à l’Université de Strasbourg. En 1723, Schoepflin se voit offrir une chaire à Francfort/Oder. Ensuite il reçoit encore des propositions pour la Suède à Uppsala et pour la Hollande à Leyde, mais il refuse car il reste attaché à Strasbourg et à son Université.
En 1726 Schoepflin commença ses voyages scientifiques qu’il continua durant de longues années en traversant les principaux pays d’Europe. C’est vers la fin de l’année suivante, qu’il reçut, pendant son séjour à Londres, sa nomination à un canonicat de la fondation de Saint-Thomas à Strasbourg. En 1744, il se démit de sa chaire pour se livrer tout entier à ses travaux historiques.
Sa renommée et la réputation de haute érudition lui valurent l’adjonction à un grand nombre de corps savants en France et à l’étranger : nomination à l’Académie de Londres (1728), à celles des inscriptions et belles lettres de Paris (1729) et à celle de Saint-Pétersbourg (1741). Louis XV lui décerna le brevet de conseiller historiographe du roi. Après de longues années passées en recherches et en rassemblement de matériaux, il put, en 1751, publier le premier volume de son Alsatia illustrata, le second volume parut dix après. Schoepflin publia aussi d’autres ouvrages importants et de nombreux discours, panégyriques, traités, commentaires et dissertations historiques.
Schoepflin mourut à Strasbourg le 7 août 1771. Dès le 25 mars 1765 il avait fait donation à la ville de Strasbourg de sa riche bibliothèque et de précieux musée d’antiquités, sous la condition d’une rente viagère réversible en partie, après sa mort, sur la tête de sa sœur Sophie Elisabeth qui assurait son intendance. C’est elle qui fit érigée en l’église Saint-Thomas de Strasbourg le mausolée à la mémoire de son frère
Ses attaches munstériennes
Schoepflin, qui était resté célibataire, avait d’importantes attaches familiales à Munster et dans la vallée.
Sa soeur Maria Agatha (1700-1786) épouse à Munster Johann Carl Eccard (1695-1760), pasteur à Munster de 1735 à 1760. Ce couple à trois enfants dont un fils, Daniel Friedrich, baptisé à Munster le 6 janvier 1741, qui a pour parrain Jean-Daniel Schoepflin. Daniel Friedrich Eccard prend le poste de pasteur de Muhlbach en 1779, il y exerce durant 26 ans jusqu’à sa mort en 1805. Après la mort de son père, il recueille sa mère qui décède chez lui à l’âge de 86 ans.
Son frère, Johann Friedrich (1704-1760), papetier-imprimeur, qui a épousé Suzanne Dorothée Decker, une fille de l’imprimeur colmarien, fonde une papeterie à Luttenbach qui obtient, en 1746, le titre de Manufacture royale de papier. Voltaire séjourne sur place en 1753 et y fait l’acquisition du papier nécessaire à l’impression de l’un de ses manuscrits. A la suite du décès de son épouse le 21 décembre 1723, Schoepflin père se retire à Luttenbach auprès de son fils Johann Friedrich ; il y décède le 12 juin 1739 à l’âge de 76 ans et fut enterré dans le cimetière de Munster le 14 juin 1739.
Une autre sœur, Anna Margareta (1712-1767), épouse à Munster Andreas Brauer (1714-1790, Vicaire à Munster de 1738 à 1745. Cet homme très instruit, qui connaît à fond l’histoire de l’Alsace, a fourni à Schoepflin d’intéressantes découvertes sur l’ancienne Argentovaria, aujourd’hui Horbourg. C’est en 1739 qu’il fait connaissance avec un jeune homme de douze ou treize ans et y découvre une intelligence rare pour son âge. Par la suite, il lui enseigne les langues, les mathématiques, la géographie, l’histoire… et, en 1743, il le présente à son beau-frère Jean Daniel Schoepflin qui le prendra à son service. Ce jeune homme est André Lamey qui deviendra premier bibliothécaire de l’électeur de Bavière et secrétaire perpétuel de l’académie des sciences de Mannheim.
Johann Carl Eccard et son épouse était entouré de proches parents ce qui a influencé son choix pour le poste de pasteur à Munster. Cet intime cercle familial se retrouvait à Luttenbach où Jean Daniel Schoepflin venait passer ses vacances. Le pasteur Eccard entretenait de bonnes relations avec Voltaire quand il séjournait chez son beau-frère à Luttenbach.
On peut donc en déduire que Jean Daniel Schoepflin a séjourné à plusieurs reprises à Munster et dans la vallée, notamment en 1741 et en 1743, probablement en 1739 et en 1753 et peut être lors d’évènements particuliers touchant les membres de sa famille proche (mariage, décès…).
R. Bock
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Voltaire (1694-1778)
Travaillant à ses « Annales de l’Empire », Voltaire s’est établi à Colmar le 2 octobre 1753 sur les conseils de l’historien Jean-Daniel Schoepflin. Il y resta jusqu’au 11 novembre 1753, après s’être rendu entre temps à Senones, auprès de Dom Calmet, et Plombières.
Pour avoir le papier nécessaire à ses « Annales de l’Empire » Voltaire séjourna du 13 au 28 octobre 1753 à la Papeterie Schoepflin de Luttenbach, fondée vers 1742 par Jean-Frédéric Schoepflin, frère du grand historien de l’Alsace J.-D. Schoepflin. Voltaire comptait sur ces quelques jours en montagne pour rétablir sa santé, perpétuellement chancelante, si l’on en croit ses lettres.
Voltaire connut Dom Benoît Sinsart (1695-1776) coadjuteur de l’abbaye de Munster en 1743, puis abbé à partir du 1 mars 1745.
L’imprimerie cessa de fonctionner en 1892. Le baron de Coubertin était propriétaire du château, du parc et de l’usine de 1890 à 1920. Il ne reste aujourd’hui plus rien, la Première Guerre mondiale étant passée par là…
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Giacomo Casanova (1725-1798) à Soultzbach en 1782
C’est le propre d’une cité d’eau de renom d’attirer des visiteurs de marque. Tel fut le cas de Soulztbach, dans la vallée de Munster, qui, élevé au rang de station balnéaire au XVII siècle par les Schauenbourg, exerçait son sortilège sur de nombreux personnages de l’époque. Parmi eux il convient de citer l’archiduc Léopold d’Autriche, le comte Eberhardt, dernier des Ribeaupierre, de grands bourgeois de Strasbourg et de Bâle, des hommes de sciences, des poètes.
Le plus emblématique de ces visiteurs reste, sans conteste, le célèbre séducteur italien Giacomo Casanova (1725-1798). En 1782, venant des Ardennes et se dirigeant vers Bâle, Casanova avait été attiré à Colmar par quelque intérêt de femmes. Dans cette ville, il entendit parler des eaux de Soultzbach et de la vie qu’on y menait et résolut d’y passer quelques jours. C’est là que se place une aventure qui défraya longtemps la chronique des bains. Casanova, l’un des plus passionnés et joueurs de son temps, y livra une partie de cartes de 42 heures sans manger ni dormir ! Ce tour de force s’acheva par l’abandon de son adversaire, un capitaine français, qui perdit ainsi 50 000 francs en Louis d’or. Après ce fameux duel, il quitta les bains pour reprendre le cours de ses aventureuses pérégrinations.
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Eulogius Schneider (1756-1794)
En été 1792, une visite sensationnelle vint illustrer l’histoire de la vallée de Munster et plus particulièrement celle de Soultzbach.
Euloge Schneider, prêtre défroqué, jacobin sanguinaire, commissaire civil et accusateur public du tribunal révolutionnaire de Strasbourg, fit en effet un passage dans la station thermale de Soultzbach pour y « détendre ses nerfs surexcités ».
Il y fut adulé par toute la société qui cherchait à gagner ses bonnes grâces. Nul ne désirait avoir maille à partir avec ce puissant et redoutable personnage. On festoya chez les « citoyens » et les « citoyennes » qui s’étaient hâtés de faire disparaître des belles nappes fines les insignes brodées de la noblesse.
De retour à Strasbourg, Euloge Schneider avait fort à faire pour ne pas laisser rouiller la guillotine. Songeant avec regret aux beaux jours passés à Soultzbach, il écrivit à ses amis restés là-bas : « Si je n’avais juré de rester coûte que coûte à mon poste, j’irais passer mes jours dans votre belle vallée à jouir de la nature. »
Le destin réserva à ce bourreau sentimental une fin guère glorieuse ! Dans la nuit du 12 au 13 décembre 1793, le lendemain de son mariage avec une jeune fille de Barr, Saint Just, ami de Robespierre, le fit arrêter sous prétexte qu’il était entré à Strasbourg avec « un luxe suspect ». Il fut exposé, attaché à la guillotine, sur la place publique (future place Kléber), puis transféré à Paris et guillotiné le 1 avril 1794.
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Visite du général Foy (1775-1825) en septembre 1821
Le général Maximilien Sébastien Foy, ancien général d’Empire, député et porte parole de l’opposition sous la Restauration, en visite en Alsace et dans les Vosges fut reçut par la famille Hartmann en septembre 1821.
Le général Foy était l’ami de Frédéric Hartmann-Metzger. Cette amitié remontait aux années de la Révolution (vers 1797), alors que le grand orateur débutait comme lieutenant d’artillerie par la construction de quelques travaux de défense au Hohneck et Rothenbach.
Une fête en son honneur lui fut organisée au Schlosswald, au-dessus de Munster. Henri Lebert nous relate cette visite du 2 septembre 1821 :
« La détonation des boîtes annonça son arrivée au Schlosswald. Un ballon lancé par M. Portait, directeur de la filature, partit avec cette inscription : « Honneur au général Foy ».
« Un orchestre placé dans un bosquet et dirigé par M. Meyer exécutait des symphonies. Le soir, feu d’artifice. La ferme fut illuminée. Trois transparents les décoraient. Celui du milieu, le plus grand, portait pour inscription « Honneur et Gloire au défenseur de nos libertés », les deux autres « Au député Foy, l’industrie », « Au député Foy, les légionnaires ». Ces inscriptions étaient entourées de couronnes de lauriers et d’immortelles. La grande avenue du Schlosswald fut illuminée en lanternes de couleurs. […]
Le général Foy visitait les Vosges dans la Petite Vallée. Loewel et moi attendions son retour par la Schlucht. Nous avions fait placer de distance en distance sur les rochers des boîtes, artillerie de Munster. Une musique d’harmonie devait sur un traîneau ouvrir le convoi à la descente. A l’arrivée du général et de la famille Hartmann qui l’accompagnait, les détonations du canon et la musique firent résonner les échos de la Schlucht ».
Le général Foy quitta Munster le 10 septembre 1821.
Il revint par la suite bien souvent à Munster et une longue correspondance des plus intéressantes avec Frédéric Hartmann-Metzger se continua jusqu’à la mort du général en 1825.
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Franz Liszt (1811-1886) à Munster en 1845
Passionnés d’art et en particulier de peinture et de musique, les Hartmann ont exercé avec discernement et générosité une véritable fonction de mécène. Les Hartmann ont invité à Munster plusieurs musiciens célèbres dont le grand pianiste et compositeur d’origine hongroise Franz Liszt. Chopin devait également se rendre à Munster mais la maladie l’en a empêché. Tous deux furent les maîtres de Caroline Hartmann (1807-1834), fille de Jacques Hartmann, dont le talent était unanimement reconnu.
Henri Lebert (1794-1862) a relaté l’épisode fameux de la venue de Franz Liszt à Munster en 1845. Violoniste et poète remarquable, Lebert était régulièrement l’invité des soirées musicales organisées chez la famille Hartmann. En juin-juillet 1845, Franz Liszt était de passage en Alsace. Dans son journal autobiographique, Lebert nous apprend, qu’après le concert triomphal du 29 juin 1845 à Colmar, Franz Liszt vint à Munster le 1 juillet sur l’invitation de Henry Hartmann :
« M. Hartmann fit à cette visite l’accueil le plus distingué. Après un somptueux déjeuner, on se rendit en voiture au Schlosswald où l’on fit une halte, d’abord à la terrasse Napoléon, puis à la ferme. On visita la filature avant de se rendre au pavillon de musique dans le jardin de M. Jacques Hartmann. Là, je retrouvai tous mes vieux souvenirs en voyant le piano de Mademoiselle Caroline que son professeur de 1833 allait toucher, sans qu’elle put partager nos ravissements. Des quatre pianistes inscrits sur les murs de la rotonde, Liszt, Weber, Chopin, Hiller, le premier nom était entouré de lauriers. Trois de ces grands artistes avaient donné des leçons à Mademoiselle Caroline Hartmann et Weber, s’il n’était pas mort en 1827 à Londres, serait venu à Munster. Liszt, par caprice, joua un morceau de chacun de ces maîtres. […]
« On fit ensuite une promenade en voiture au Solberg, puis on revint chez M. Hartmann pour le dîner du soir. La réception de M. Hartmann fut ainsi que l’exprima Liszt, royale. Mais au moment où nous espérions entendre Liszt dans une improvisation d’adieu, le malencontreux Schloesser se mit en controverse musicale avec le grand artiste. Liszt s’échauffa et aplatit comme une punaise le maestro de Colmar dont les prétentions sont aussi connues dans un petit rayon que la réputation de génie de Liszt l’est dans le monde. Aussi, sommes-nous partis de Munster à onze heures du soir avec d’heureux souvenirs, car Liszt est admirable, qu’il touche son instrument ou bien qu’il parle sur les questions élevées ».
D’aucun affirme que le piano de Caroline sur lequel joua Franz Liszt est celui légué par Madame Aimée Hartmann, épouse de Frédéric Hartmann, à l’Harmonie Hartmann. Précieusement conservé, cet instrument fait, depuis 1999, partie intégrante du patrimoine historique de la Ville de Munster.
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Le Général Baron Meyer de Schauensée (1777-1860)
Bernardin Meinrad Fridolin Joseph Philippe de Néry Pierre Jean-Baptiste Meyer de Schauensée est né à Lucerne en Suisse le 20 janvier 1777 et décédé à Colmar le 5 septembre 1860.
Baron, général de brigade dans les armées de la Révolution, il s’engagea comme simple soldat au 9ème régiment de dragons. Il fit la campagne d’Italie et fut fait prisonnier de guerre après la reddition de Mantoue du 2 février 1797. Mis en liberté par échange d’officiers ; il assista comme sous-lieutenant à la bataille de Marengo le 14 juin 1800. Il concourut à la reddition d’Ulm le 20 octobre 1805, reçut une grave blessure à Austerlitz le 2 décembre 1805.
En 1806, il combattit vaillamment à Iéna, fit la campagne de Pologne, où il conquit les grades de capitaine et à nouveau blessé à Pułtusk le 26 décembre 1806. Il suivit le général Suchet en Espagne, assista au mémorable siège de Saragosse en décembre 1808 et aux batailles de Maria et Belchite les 14 et 18 juin 1809, livrées au général Blacke. Il gagna les épaulettes de colonel à la prise des forts de Lérida le 13 mai 1810, où il commanda l’assaut.
En 1812, il enfonça, à la tête d’une brigade d’avant-garde, le centre de l’armée espagnole au combat de Jécla : l’ennemi y perdit 1.200 prisonniers, dont 68 officiers et un drapeau. Il fut alors promu général de brigade, distinction que le modeste preux refusa en faveur de colonels plus anciens que lui. Cette abnégation héroïque lui valut toutefois le titre de baron de l’Empire, et Napoléon lui attacha de sa main la croix d’officier de la Légion d’honneur. Il combattit ensuite, le 12 septembre 1813, contre le général anglais lord Bentink au col d’Ordal, puis contre un corps considérable d’Autrichiens.
Meyer passa au 5ème corps d’observation le 6 avril 1815, à l’armée des Alpes le 8 mai. Il se fit naturaliser Français selon ordonnance du roi du 6 août 1817. Ensuite il exerça plusieurs commandements, puis a été affecté à la section de réserve de l’état-major général de l’armée.
Le déroulement de sa carrière militaire et ses décorations se résume comme suit :
1799 : maréchal des logis
1er avril 1800 : sous-lieutenant
25 janvier 1804 : lieutenant
1805 : aide de camps du général Suchet
1806 : capitaine
22 octobre 1808 : chef d’escadron
28 juin 1813 : général de brigade
30 août 1814 : chevalier de Saint-Louis
21 octobre 1814 : commandant supérieur de Mont-Louis.Il est commandeur de la Légion d’Honneur en récompense de sa conduite en Italie, à la Grande Armée de 1806 à 1808, et plus tard en Espagne, ainsi que des blessures qu’il reçut à Austerlitz et à Pultusk.
A la seconde Restauration, il vint habiter Colmar où il se maria en 1817. Le roi Charles X le reçut le 10 septembre et le Baron fut invité au dîner le lendemain lors de son passage à Colmar en 1828. Le roi Louis-Philippe le fit commandeur de la Légion d’honneur le 9 juillet 1831, avec le commandement du Haut-Rhin et d’une brigade de cavalerie. Il fut mis en retraite en 1848. Il mourut quatre mois après une chute qu’il fit le 10 mai 1860.
Les parents du Baron sont Joseph Rodolphe Meyer de Schauensée et Marie Walburge de Fleckenstein. Le 24 septembre 1817, il épouse à Colmar « Caroline » FrédériqueSchouch (1798-1845), Frédéric Hartmann/Metzger est son témoin. Caroline une sœur Emilie « Louise » Schouch (1795-1834) qui épouse, l’année suivante Nicolas Henry Hartmann (1782-1856).
Le Baron et son épouse ont au moins deux enfants : Caroline Frédérique (1818-1884) et Sigismond (1820 – ?).
En 1818, il est témoin au mariage de Nicolas Henry Hartmann avec Louise Emilie Schouch. En 1820, il est témoin à la naissance d’André Frédéric Henry Jules Hartmann. Le 19 avril 1845, à Munster, il est témoin d’Edouard Gros lors de son mariage avec Léonide Hartmann. Compte-tenu de ses liens familiaux avec les Hartmann, il a dû se rendre plusieurs fois à Munster à l’occasion de fêtes de famille
Le Général Baron Meyer de Schauensée est l’oncle par alliance de :
· André Henry Frédéric Jules Hartmann (1820-1881), époux de Blanche Sanson-Davillier (1829-1908),
· Jacques Félix Frédéric Hartmann (1822-1880), époux d’Aimée Sanson-Davillier (1826-1907)
· Léonide Hartmann (1823-1863), épouse d’Edouard Gros (1819-1910),
· Jacques Hartmann (1825-1887), épouse d’Emma Steiner,
· Alfred Hartmann (1826-1898),
· Jenny Hartmann (1828-1897), épouse de Nicolas Schlumberger fils (1815-1888).La fille du Baron, Caroline Frédérique, épouse Albin Gros (1814-1882), un frère d’Edouard Gros, l’époux de Léonide Hartmann. Son fils Sigismond devient Percepteur des Contributions Directes à Sainte-Croix-en-Plaine.
Le Général Baron Meyer de Schauensée a enrichi le musée de Colmar de plusieurs objets précieux.
R. Bock
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Napoléon III à Munster en 1858, 1865 et 1867
L’empereur Napoléon III a passé la nuit à Munster du 24 au 25 juillet 1858. Ce bref mais illustre épisode est à replacer dans le cadre d’une rencontre entre la grande-duchesse Stéphanie de Bade née de Beauharnais et son impérial cousin, l’empereur des Français, alors en cure à Plombières.
Entouré de ses nièces et neveux, Henri, Frédéric et Jacques, Frédéric Hartmann-Metzger eut l’insigne honneur d’accueillir en sa demeure ses hôtes princiers. Cette maison se trouvait autrefois à l’entrée de l’actuel Parc Dr Albert Schweitzer. Elle fut gravement endommagée en 1915 et disparue après 1918.
Cette visite de Napoléon III ne fut pas la dernière. Pour marquer la fin des travaux de la route de la Schlucht (1842-1860), les Hartmann avaient fait construire en 1858 un chalet, le fameux Chalet Hartmann qui recevra la visite de Napoléon III en 1865 (en cure à Plombière, il avait rencontré Cavour dans un mystérieux tête-à-tête) et 1868. Plus tard Guillaume II y fit également un passage en 1908.
Ce chalet disparut dans les années 1960.
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Les peintres Théodore Rousseau (1812-1867) et Jean-François Millet (1814-1875) à Munster en 1867 et 1868
Si Millet est aujourd’hui mondialement connu, il n’en fut pas de même de son vivant. Installé pauvrement à Barbizon (en lisière de la forêt de Fontainebleau) à partir de 1849, père de neuf enfants, c’est, entre 1850 et 1870, un peintre peu apprécié.
A quelques maisons de Millet habitait Théodore Rousseau, remarquable paysagiste de l’Ecole de Barbizon, que les jurys écartèrent des salons pendant 20 ans. C’est avec cet éternel refusé » que se lia d’abord Frédéric-Félix Hartmann, avant de rencontrer Millet.
Vers 1845-1850, pendant ses études d’avocat à Paris, Frédéric-Félix Hartmann (1822-1880) fit la connaissance de Rousseau par l’intermédiaire du peintre vosgien, intime de Rousseau, Louis Français (Plombières 1814-1897). Frédéric Hartmann fin connaisseur et amateur d’art averti invita Rousseau à Munster en 1863. Celui-ci ne put faire le voyage mais se rendit à Munster plus tard en 1867. Quelques mois avant sa mort il alla, en effet, y passer plusieurs jours, mais en l’absence de Frédéric Hartmann. En décembre 1867, Rousseau meurt à Barbizon, laissant inachevées plusieurs toiles commandées et déjà payées par Hartmann.
En janvier 1868, l’industriel de Munster s’adresse à Jean-François Millet pour lui achever ces toiles. Lui rendant visite à Barbizon, il est conquis pas sa peinture. Un accord intervient rapidement pour une commande de 4 toiles, de taille moyenne. Ces toiles ne seront terminées qu’en 1873, sauf « L’Hiver », qui restera inachevée. Les trois toiles peintes par Millet, « Printemps », « Eté » et « Automne », décorèrent, à partir de1874, la salle à manger des Hartmann, au Schlosswald.
En septembre 1868, malgré sa répugnance pour les voyages, Millet répondit à l’invitation de Hartmann et se rendit à Munster avec son ami Alfred Sensier. Ils n’y restèrent que quelques jours, continuant ensuite leur voyage en Suisse.
Les détails du séjour de Millet à Munster restent à préciser mais on sait cependant qu’au cours d’une excursion avec le peintre alsacien Alexis Kreyder (1839-1912), il fut frappé par un groupe de beaux chênes sur la route de Metzeral-Mittlach. Il en fit un croquis, de sorte que, par la suite, la Municipalité de Metzeral y fit appliquer une plaque portant l’inscription « Chêne-Millet ».
Millet a-t-il peint un tableau d’après le croquis relevé à Munster, comme on l’a supposé ? Rien ne permet de l’affirmer. L’hypothèse la plus plausible concernant la présence en 1950, d’une grande toile signée Millet dans la propriété du Kleebach, est qu’il s’agit d’une peinture du fils de Millet, François Millet (1851-1917), à qui Hartmann commanda au moins deux peintures. A l’exposition artistique de Munster de 1932 furent d’ailleurs exposées quatre toiles de ce fils de Millet : « Approche de l’Orage à Ludenbuhl », « Mittlach », « La ferme du Solberg » et « Atelier de Peinture ».Le 7 mai 1881, à l’hôtel Drouot, la vente après décès d’une partie de la collection Frédéric Hartmann comprenait 21 pièces d’une valeur exceptionnelle :
– 2 toiles d’Eugène Delacroix,
– 6 toiles et 4 dessins de Théodore Rousseau
– 8 toiles et un pastel de J. F. MilletDans cette vente figurait en particulier le célèbre « Printemps » racheté par Mme Julie Aimée Hartmann (1826-1907), l’épouse de Frédéric Hartmann, qui en fit don au Louvre en 1887.
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Guillaume II à Munster en 1908
L’Empereur Guillaume II décida de visiter le Haut-Rhin à l’issue de son déplacement en Alsace-Lorraine en septembre 1908 et, à cette occasion, de se rendre à Munster et à la Schlucht. Le voyage dans les Hautes-Vosges eut lieu le 11 septembre 1908. Ce jour, le cortège parcourut tout d’abord le vignoble du Haut-Rhin, s’arrêtant un peu partout pour faire honneur au bon vin d’Alsace, puis il bifurqua dans la vallée de Munster.
A quatorze heures déjà, le conseil municipal de la ville, le maire Pierre Spindler, les deux adjoints en tête, les ministres du culte et les fonctionnaires s’étaient posté devant l’Hôtel de Ville. Toute la ville était présente pour cet évènement exceptionnel. Vers 15h30, les mortiers tonnèrent en guise de bienvenue, les cloches des églises se mirent à sonner. Les acclamations s’élevèrent, couvertes par la marche de l’Harmonie. Le cortège s’arrêta devant l’Hôtel de Ville et le maire de Munster se présenta à la portière de la voiture pour souhaiter une cordiale bienvenue à l’Empereur. Celui-ci prit également la parole célébrant les beautés de la vallée. Il ne resta pas non plus insensible à la grâce féminine représentée par une cohue de charmantes jeunes filles dont chacune tenait à la main un bouquet de fleurs du terroir. L’une d’elles s’adressa à sa Majesté et prononça d’une voix bien timbrée : « Herr Kaiser, ich schank eïch a scheene Bouquet ». C’est ainsi que prit fin cet arrêt de quelques minutes à peine devant l’Hôtel de Ville de Munster.
Après la traversée de la ville, puis des villages de la Petite Vallée qui avaient tous mobilisé leurs conseils municipaux, les corps de sapeurs-pompiers et les enfants des écoles pour former la haie, l’automobile impériale prit une allure plus rapide. Parvenue au col, l’automobile entra dans la cour du chalet Hartmann, pavoisé aux couleurs françaises et allemandes. Sur la terrasse du chalet, l’empereur se fit expliquer les particularités du site et suivit sur une carte les commentaires de M. André Hartmann (1865-1950), chefs des manufactures de Munster.
Avant le départ, l’empereur et son état-major signèrent le registre d’honneur du chalet et se rendirent à l’Hôtel Altenberg. Vers 18 heures le cortège quitta les hauteurs et passèrent une fois encore les villages et la ville de Munster.
Au quartier du Birken, selon une légende, un garçon de la vallée, un bouquet à la main, traversa la route juste devant le cortège. Le monarque convaincu que ces fleurs lui étaient destinées fit arrêter sa voiture. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque le jeune homme lui répondit : « Dia Bluama sin nit fèr dich, di sin fér mini Gruossla ! »
A 18 heures il arriva à Colmar d’où il prit le train spécial à 18 heures 50 pour retourner à Berlin. Personne ne pouvait se douter que dix ans plus tard par une matinée grise, Guillaume II et ses courtisans partiraient, sans tambour ni trompette, du théâtre politique international.
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Pierre de Frédy, baron de Coubertin (1863-1937) – Gustave Rothan (1822-1890)
Le 11 mars 1895 à 16h30, Pierre de Freddy, baron de Coubertin (1863-1937), épousait à Paris, Marie Rothan, fille du diplomate et ancien ministre plénipotentiaire de Napoléon III, Gustave Rothan et Caroline Marie Braun, native de Luttenbach (village voisin de Munster). Gustave Rothan et Caroline Braun avaient uni leurs destinées le 19 mai 1859 à Luttenbach.
Excellent connaisseur et observateur des affaires allemandes, Gustave Rothan (1822-1890) avait rapidement compris les objectifs de la politique de puissance prussienne menée par le chancelier Bismarck, dont le but était la construction de l’unité allemande sous domination de la Prusse. Gustave Rothan avait informé à plusieurs reprises Napoléon III des manœuvres politiques menées par le chancelier prussien, ce qui lui valut, après la défaite française de 1870/71 et l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, d’être expulsé d’Alsace.
Après le traité de Francfort, Rothan se retira de la vie politique et diplomatique pour se consacrer à une activité d’historien. Il vécut essentiellement à Paris mais passa régulièrement l’été dans la propriété Kiener qu’il possédait à Luttenbach. Gustave Rothan est enterré au cimetière de Munster. Ordre prussien de l’Aigle Rouge en 1866 ; commandeur de la Légion d’Honneur.
Le baron de Coubertin est connu comme le fondateur des Jeux Olympiques de l’ère moderne. Dès novembre 1892, il se mobilise pour recréer les Jeux Olympiques. Le 16 juin 1894, il met sur pied un congrès destiné à les rénover et, le 5 avril 1896, ceux-ci renaissent en Grèce et plus précisément à Athènes. Il reçut le prix Nobel de Paix en 1920. Il fut président du Comité olympique de 1896 à 1925.
Le baron de Coubertin était propriétaire du château, du parc et de l’imprimerie (qui cessa de fonctionner en 1892) à Luttenbach-près-Munster de 1890 à 1920. Il y a passé, avec son épouse, presque toutes ses vacances d’été, de 1896 à 1914.
Cette propriété se trouvait à l’emplacement du camping des Amis de la Nature. Ce dernier recèle quelques vestiges de cette période glorieuse : les pans de murs de l’ancienne propriété Rothan, détruite pendant la Première Guerre mondiale ; un porche du XVIII siècle qui a sans doute vu passer le carrosse de Voltaire qui séjourna pendant deux semaines du mois d’octobre 1753 ; une superbe fontaine de la fin XVIII siècle, tout début XIX siècle. Après 1918, le baron de Coubertin vendit la propriété fortement endommagée par la guerre aux établissements Immer-Klein qui y firent fonctionner une usine textile jusque vers 1960.
En 1912, Pierre de Freddy, baron de Coubertin, participa aux Jeux Olympiques de Stockholm qui comportaient encore une partie culturelle, par un poème rédigé en français et en allemand « Ode au Sport ». Il remporta avec son texte une médaille d’or. Chose amusante, il ne signa pas son œuvre par son vrai nom mais par deux pseudonymes qui rappellent deux communes de la vallée et qui nous laissent penser qu’il devait se sentir chez lui dans la vallée de Munster : Georges Hohrod et M. Eschbach.
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Léopold de Bavière à Munster le 22 mars 1915
Le 22 mars 1915, les rues de Munster sont fermées à l’aube. Bientôt les habitants en découvrent la raison, leur ville accueille pour quelques heures le prince Léopold de Bavière qui vient inspecter ses troupes, accompagné par le Général von Gaede, commandant du XIV Armee-Korps.
Léopold de Bavière, né en 1846 et mort en 1930 est le second fils du régent Luitpold de Bavière et d’Augusta de Habsbourg-Toscane et frère du roi Louis III. Le 20 avril 1873, il épouse sa cousine Gisèle d’Autriche, fille aînée de l’Empereur d’Autriche François-Joseph I et de l’impératrice Elisabeth dite « Sissi ».
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Raymond Poincaré à Munster le 19 août 1919
Après la première guerre mondiale, le Président de la République, Raymond Poincaré, effectua un voyage en Alsace. Au cours de ce déplacement, il visita, le mardi 19 août 1919, la ville de Munster qui fut durement touchée au cours de la guerre mais dont la reconstruction était déjà entamée.
Le président fut accueilli par l’ensemble du Conseil municipal en grande tenue, le clergé, les vétérans de 1870, les enfants des écoles et les jeunes filles en costumes traditionnel.
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André Tardieu inaugure le nouvel hôpital Loewel en 1927
Endommagé lors de la Grande Guerre, l’hôpital Loewel fut réaménagé en 1927 et inauguré le 3 septembre par le ministre des Travaux publics et des Régions libérées, André Tardieu (1876-1945). Après avoir visité le nouvel établissement, il fut invité à ouvrir la réunion générale de la Fédération des Sociétés Coopératives de Reconstruction de Haut-Rhin.
Ministre sous Poincaré, André Tardieu exercera notamment les fonctions de président du Conseil des ministres à trois reprise entre 1929 et 1932.
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Le général Jean de Lattre de Tassigny à Munster (1945-46-47)
Le 11 janvier 1952, s’éteignait le général Jean de Lattre de Tassigny, signataire à Berlin pour la France, dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, de l’acte de reddition et capitulation de l’Allemagne nazie, chef de la première armée française qui réduisit la poche de Colmar, franchit le Rhin et poussa son avancée jusqu’au Danube. Munster fut libérée, sans combat, par cette même armée et notamment les soldats du 9 Zouaves, le 5 février 1945.
La Ville de Munster témoigna à maintes reprises sa gratitude envers son libérateur : le conseil municipal réuni les 3 mai et 10 août 1945 décida de dénommer l’ancienne « route de Colmar », rue du général De Lattre de Tassigny.
Le deuxième hommage date de 1946. La ville souhaita fêter le premier anniversaire de sa libération et demanda à son « libérateur » de patronner la cérémonie. Le général accepta et dès son arrivée en ville le 3 février, les Munstériens lui témoignèrent la plus grande ferveur. C’est, acclamé par une foule en liesse, que le général passa les troupes en revue. Lors de la réception qui suivit à l’Hôtel de Ville, Munster, par l’intermédiaire de son maire Aloyse Gutzwiller, lui décerna le diplôme de « Citoyen d’Honneur ».
Le général de Lattre touché par le fervent accueil des Munstériens, accepta de revenir à Munster l’année suivante, le 2 février 1947 pour fêter le 2 anniversaire de la libération.
Il ne revînt plus à Munster dans les années qui suivirent, mais pour chaque anniversaire de la libération de la ville, de 1948 à 1951, le maire Othon Bach ne manqua jamais de lui adresser un télégramme dans le lequel il exprimait le profond attachement de Munster à son libérateur.
Le général de Lattre, atteint d’un cancer, décéda à Paris, le 11 janvier 1952, à l’âge de 63 ans, des suites d’une opération. La ville envoya une gerbe imposante à Madame la générale et le maire se fit représenter aux funérailles à Paris le 16 janvier, par le conseiller Alphonse Metzler et les combattants de la section Rhin et Danube par leur président Monsieur Verbert. Une cérémonie d’hommage eut lieu le même jour à Munster. Elle se déroula tout au long de la matinée : office religieux des deux cultes, cortège place du Marché pour se rendre au monument aux morts.
C’est à l’occasion de ses obsèques que Jean de Lattre de Tassigny fut élevé par le Parlement à la dignité de Maréchal de France à titre posthume.
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Visite de Jacques Chirac, mardi 29 novembre 1977
Venant de Kaysersberg, Jacques Chirac fit un passage à Munster le mardi 29 novembre 1977. C’est en sa qualité de maire de Paris (élu le 20 mars 1977) et non de président national du RPR qu’il fut reçu à la Mairie de Munster. Le conseil municipal, en effet, ne souhaitant pas donner un tour politique à cette visite, il avait décidé de la considérer comme une simple visite de courtoisie.
Une anecdote liée à la visite du Maire de Paris, qui fêtait d’ailleurs son 45 anniversaire, mérite d’être conté.
Christian Wollbrett, maire de Munster, lui avait offert deux piles de bons munsters fermiers. Ces derniers avaient été rangés dans le coffre de la voiture mise à la disposition de Jacques Chirac par un Haut-Rhinois. Jean-Paul Heider avait également pris place dans le véhicule. La visite se passe, Jacques Chirac reprend l’avion. Quelques jours plus tard, le propriétaire de la voiture s’inquiète d’une odeur pestilentielle. Lui aurait-on « fourgué » un cadavre dans le coffre ? Vérification faite, il s’agissait des munsters oubliés par M. Chirac.
Christian Wollbrett aurait dû suivre le conseil de Jacques Brel et offrir des bonbons parce que les fromages, c’est périssable…
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La visite de Daniel Hoeffel le 21 octobre 1978
Daniel Hoeffel (1929), secrétaire d’Etat alsacien auprès du ministre de la Santé et de la Famille (du 31 mars 1978 au 1 octobre 1980), a inauguré, samedi 21 octobre 1978, en fin d’après-midi, le Centre médico-social (ancien établissement des bains) aménagé par la ville de Munster. Les officiels se dirigèrent ensuite à l’hôpital Loewel où des travaux d’humanisation étaient alors en cours.
Après un rapide coup d’œil à l’accès pour handicapés à la salle des fêtes, le ministre s’est rendu à la maison de retraite « Le Foyer du Parc » avant de terminer sa visite par une réception à la mairie.
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Inauguration du Foyer Caroline par le Ministre Théo Braun, le 24 février 1989
En 1959, le Diaconat Bethesda a acquis l’hôtel au Moenchberg, sis 1, chemin du Bretzel, qu’il a transformé et aménagé pour y accueillir une trentaine de personnes âgées. En 1983, le manque d’espace et d’installations sanitaires confortables ont amené l’association à réfléchir à l’extension de l’établissement. Entre-temps, en avril 1984, la Ville de Munster a reçu en donation de Mademoiselle Irène Zaehringer un terrain sous condition de construire dans un délai de 5 ans une maison de retraite ou un foyer-logement pour personnes âgées.
Au cours des années, une convergence entre Bethesda et la Ville de Munster s’opéra. La commune construisit la Maison de retraite et le Diaconat conduisit les travaux et fut chargé de la gestion de l’établissement. La maison de retraite ouvrit ses portes le 1 décembre 1988. Elle prit, selon la volonté de la testatrice, le nom de « Foyer Caroline » en souvenir de sa mère.
La Maison de Retraite fut inaugurée le vendredi 24 février 1989, par le Ministre délégué aux personnes âgées, Théo Braun, le Maire de Munster, le Dr Christian Wollbrett, le député Jean-Paul Fuchs, le Président du Conseil Général, Jean-Paul Weber et le Conseiller Général du canton, Jean-Georges Ham.
Né le 24 octobre 1920 à Rombas en Moselle, Théo Braun était membre dirigeant de la CFTC, puis a rejoint la CFDT à la création de cette dernière. Il fut conseiller général du Bas-Rhin et dirigeant du Crédit Mutuel d’Alsace. Il fut nommé président d’une commission nationale d’études sur les problèmes des personnes âgées dépendantes, commission créée par Adrien Zeller, alors secrétaire d’État chargé de la Sécurité sociale du gouvernement Chirac. Il devint Ministre délégué chargé des personnes âgées de 1988 à octobre 1990 dans le second gouvernement Rocard. Il décéda le 2 mai 1994.
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Svetlana Boguiskaia à Munster le 26 mars 19989
C’est à l’invitation du comité départemental de gymnastique que la championne biélorusse de gymnastique Svetlana Boguiskaia, née le 9 février 1973, fut accueillie le jeudi 26 mars 1998 à Munster par le comité de la société de gymnastique La Munstérienne et la municipalité.
Après la réception officielle à la Mairie de Munster, elle fut invitée à visiter les installations de la salle spécialisée de gymnastique. Lors de cette visite la gymnaste a dédicacé également son livre qui retrace sa carrière.
Svetlana Boguinskaia, triple championne olympique et plusieurs fois championne du monde, a dominé la gymnastique par une longévité et un palmarès exceptionnels : 18 médailles d’or entre 1988 et 1996.
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Dominique Voynet à Munster le 20 octobre 2000
La ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Dominique Voynet, s’est rendue à Munster, le vendredi 20 octobre 2000, afin d’assister à la séance plénière des « Journées nationales des parcs naturels régionaux » organisée par le Parc naturel régional des Ballons des Vosges (PNRBV). Elle remit à cette occasion les premiers trophées du PNRBV aux entreprises associant développement économique et respect de l’environnement.
En marge de sa visite à Munster, manifestant son intérêt pour les énergies alternatives, Dominique Voynet s’est rendue à Griesbach-au-Val où elle put apprécier la chaufferie collective au bois déchiqueté qui fonctionne depuis 1998 et assure le chauffage de tous les bâtiments communaux.
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Gilles de Robien inaugure le nouveau collège le 15 septembre 2005
Le nouveau collège Frédéric Hartmann a été inauguré jeudi 15 septembre 2005 par Gilles de Robien, ministre de l’éducation nationale à l’occasion de sa visite dans l’Académie de Strasbourg.
Après une visite des lieux assurée au pas de charge et sous « escorte » nombreuse d’élus, de représentants du monde enseignant, du préfet, du recteur et inspecteur d’académie et d’élèves Gilles de Robien a pris place sur une tribune installée dans l’agora circulaire du collège, au plafond laissant pénétrer la lumière naturelle sur des lamelles de bois clair et des rambardes métalliques. Il a salué la riche idée de Jean-Marie Martini, l’architecte de ce bâtiment inscrit dans le développement durable, d’avoir conçu un puits de lumière en son centre, symbole évident du puits de science.
Le nouveau collège est chauffé au bois et son ossature est également construite avec ce matériau, ce qui lui a valu le label « Haute qualité environnementale ».